Avec le recul, je pense que l’année 2017 restera gravée dans notre mémoire comme étant un moment charnière pour la promotion de l’égalité au Canada. Un véritable tournant! Dans toutes les régions du Canada, des gens ont joint le mouvement mondial qui dénonce l’intolérance et le statu quo par des moyens d’une ampleur inégalée depuis des dizaines d’années.
La vague de campagnes dans les médias sociaux, de marches, de protestations et de manifestations a mis en lumière le fait que le racisme, la misogynie et l’intolérance nous atteignent tous et toutes. Ces fléaux sont beaucoup plus courants, destructeurs et tentaculaires au Canada que la majorité des gens veut bien l’admettre.
Il faut pourtant se rendre à l’évidence : nous connaissons tous et toutes au moins une personne qui a subi de la discrimination ou du harcèlement, même s’il se peut que nous n’ayons pas pensé lui demander d’en parler ou que nous n’ayons pas voulu l’écouter ou la croire.
Voilà ce qui s’est passé en cette année où nous célébrions notre société diversifiée et inclusive, cette année riche en anniversaires — le 150e du Canada, le 35e de la Charte canadienne des droits et libertés et le 40e de la Loi canadienne sur les droits de la personne.
Dans bien des cas, les problèmes et les révélations qui ont fait les manchettes contrastaient violemment avec les événements marquants que nous célébrions. Ce contraste aura servi à nous ouvrir les yeux sur le fait que la réalité n’est pas toujours concordante avec ce que nous disons ou voulons être. L’égalité, le respect et l’inclusion demeurent un défi continu dans une société en constante évolution. Nous n’en sommes pas encore là. Nous en sommes même loin, mais nous faisons des progrès.
Cette année, grâce aux travail inlassable de défenseurs des droits de la personne, nous avons assisté à l’ajout de deux nouveaux motifs de discrimination à la Loi canadienne sur les droits de la personne. Ces deux ajouts mettent noir sur blanc que la protection garantie par la Loi s’étend aux personnes susceptibles de subir de la discrimination à cause de leurs caractéristiques génétiques ou de leur identité ou expression de genre.
« Une seule action d’une seule personne peut inspirer les autres, lancer un mouvement, changer la loi ou améliorer les milieux de travail et plus encore. »
Ces ajouts importants à la Loi démontrent qu’il est possible de modifier et d’améliorer les lois qui ne reflètent plus la réalité de notre société. Il suffit que les gens parlent, dénoncent et réclament la fin du statu quo. Voilà pourquoi la mobilisation sans précédent que nous avons vue en 2017 est encourageante. Parmi les personnes qui ont décidé de se manifester cette année, certaines ont probablement hésité avant de le faire, mais elles ont compris que l’opportunité était venue de contribuer à changer les choses.
Maintes fois, les plaintes de discrimination que la Commission reçoit montrent à quel point une personne peut avoir un impact négatif sur une autre. Elles nous montrent également que la personne qui porte plainte porte en elle le pouvoir non seulement de changer les choses pour elle-même mais aussi pour la société tout entière.
Une seule action d’une seule personne peut inspirer les autres, lancer un mouvement, changer la loi ou améliorer les milieux de travail et plus encore.
Alors que 2017 marquait le 40e anniversaire de la Loi canadiennesur les droits de la personne, nous avons fait une rétrospective des gestesqui ont changé, pour le mieux, la vie de tant de personnes.
C’est dans cet esprit que notre rapport annuel met en lumière l’histoire de quelques personnes désireuses de changer la vie d’une foule d’autres gens d’une manière positive et durable.
Chaque organisation, chaque personne a le pouvoir de changer la vie des gens et de contribuer à rendre le Canada encore plus inclusif, encore meilleur. Chaque membre du personnel de la Commission en donne un bon exemple, capable de faire équipe avec ses collègues pour faire changer les choses. Chacun de leurs efforts exceptionnels et chacune de leurs contributions particulières ont contribué à faire progresser les droits de la personne. Je suis fière de diriger cette équipe de défenseurs des droits de la personne, et je sais que le travail fait aujourd’hui contribue à définir les 40 années à venir dans le domaine des droits de la personne au Canada, pour le bien de tous et de toutes.
Une histoire à la fois.
Marie-Claude Landry, Ad. E.
Présidente
Commission canadienne des droits de la personne